Historique
Le lycée Aliénor-d'Aquitaine, ouvert en 1975, est implanté dans la Zone à urbaniser par priorité (ZUP) des Couronneries, du côté nord de l'agglomération. Si l'appellation "lycée de la Pépinière", du nom de son quartier, lui est donnée lors des premières études, le choix par le recteur de l'Académie et le district de Poitiers, en 1972, d'un nom qui enracine l'établissement dans le passé poitevin vise à l'anoblir et éviter un phénomène de ségrégation par rapport aux établissements du centre ville, et plus particulièrement au lycée Victor-Hugo. Le programme, validé par le recteur de l'Académie de Poitiers le 10 janvier 1973, est celui d'un lycée "polyvalent classique moderne économique" d'une capacité de 1275 élèves, doublé d'un collège d’enseignement technique hôtelier d'une capacité de 210 élèves, soit un total de 1494 élèves dont 480 internes. Il s'agit alors de répondre aux besoins d'une population scolaire en forte augmentation et de remplacer le lycée technique commercial, trop à l'étroit dans ses locaux de la place de la Cathédrale. Celui-là, créé en 1963, avait regroupé des sections commerciales du lycée de jeunes filles de la rue des Ecossais et celles du lycée technique et moderne déjà installé place de la Cathédrale.
Les éléments du programme du lycée Aliénor-d'Aquitaine prévoient un externat, une demi-pension, un CET hôtelier, un internat et des logements de fonction. Il est prévu que soient associés des équipements complémentaires réalisés par la Ville de Poitiers et la Direction de la Jeunesse et des Sports dans le cadre de la ZUP : des installations sportives sur une partie du terrain du lycée et un centre culturel dédié aux habitants et servant en même temps de champ d'application aux élèves du CET hôtelier. L'établissement est construit par l'Etat pour le compte du District urbain de Poitiers, qui met le terrain à disposition. L'équipe d'architectes choisie est celle constituée par le Parisien André Malizard, concepteur avec André Rémondet de la ZUP des Couronneries, et Bernard Letendre d'une agence poitevine. Ce dernier, qualifié d'architecte opérationnel, est remplacé, durant le chantier, par Paul Bonnin.
En octobre 1973, André Malizard rédige une présentation du projet avec les dispositions envisagées. L'externat est constitué d'un ensemble de trois bâtiments, l'un pour la section d'enseignement commercial et informatique, l'autre pour le lycée classique et moderne, et le dernier pour le CET hôtelier. Un corps de bâtiment relie ce dernier au centre culturel qui se trouve inséré dans l'établissement sur trois côtés. Trois bâtiments sont affectés à l'internat, tandis qu'un quatrième accueille la cuisine et le restaurant scolaire. Treize logements sont répartis en deux petits bâtiments isolés du reste de l'établissement par des plantations, tandis que ceux du concierge et du gardien sont intégrés dans le bâtiment de l'enseignement commercial. La description des aménagements concerne également les espaces extérieurs, patios, cours, parkings, avec les plantations et clôtures envisagées. Le 1 % décoratif, aussi évoqué par l'architecte, comporterait une composition en métal dans la cour d'entrée principale, un ensemble minéral dans le patio de l'internat et une tapisserie dans le hall d'accueil.
Le choix de la technique constructive se fixe sur un procédé industrialisé, à partir d'éléments répétitifs, agréé par le ministère de l'Education nationale ; la trame élémentaire choisie est celle de la grande maille 7,20 x 7,20 mètres, avec panneaux de façade de 2,70 mètres (1,80 + 0,90). L'entreprise initialement pressentie est la Société des Constructions modulaire, qui avait construit le CES Edouard-Pailleron, à Paris, détruit par un incendie en février 1973. Pour cette raison, ce choix ne remporte pas l'adhésion du District qui lui préfère l’entreprise SOCAE de Limoges (Société Auxiliaire d'Entreprise du Sud-Ouest et du Centre, filiale de la SAE, Société Auxiliaire d'Entreprise), spécialisée en préfabriqué lourd sans armatures métalliques. Le chemin de grue pour la pose des panneaux de façade est en cours d'installation à la mi-janvier 1974.
Trois tranches de travaux se succèdent entre 1974 et 1977 pour la complète réalisation de l'établissement, néanmoins ouvert en avril 1975 pour le lycée et en septembre suivant pour le CET hôtelier. Dès sa construction, le lycée est relié au réseau de chauffage urbain pour la majeure partie de la production de chaleur. L'adoption à 18 ans de l'âge de la majorité, en 1974, a des conséquences sur l'organisation des internats où devaient initialement se côtoyer des collégiens et des lycéens. Des locaux spécialisés sont aménagés pour la section hôtellerie tels que cuisine et restaurant pédagogiques, cuisine et restaurant collectifs, chambres, buanderie, salle de repassage.
La demande de permis de construire du complexe sportif associé au lycée est autorisée en septembre 1975, et les travaux sont achevés en mai 1976. Ce complexe, d'une capacité de 500 personnes, est conçu par l'architecte en chef du service architecture du District urbain de Poitiers, Marcel Agius. Il comprend quatre salles de sport, une de 40 X 20 mètres, une de 20 x 15 mètres et deux de 15 x 12 mètres. Les annexes comptent des vestiaires pour les élèves et les professeurs, un bureau, des sanitaires et des locaux pour le matériel. Une piste de course à pied à six couloirs, une piste de sauts et de lancers, deux plateaux de hand-ball, de basket-ball et de tennis, ainsi qu'un logement de concierge et des parkings complètent l'ensemble.
Plusieurs réalisations, qui diffèrent de celles prévues à l'origine par l'architecte Malizard, sont retenues dans le cadre du 1% décoratif : des panneaux peints par René Fumeron, une sculpture en pierre de Chauvigny par Christian Bonino et l'ordonnancement du patio de liaison entre les bâtiments par Françoise Tellier et François Deschenes (le patio actuel ne présente aucune trace de ce travail). Par ailleurs, dans un courrier daté du 28 avril 1975, André Malizard conseille à Marcel Agius de faire appel à l'artiste René Fumeron pour une polychromie des façades du complexe sportif en accord avec celle du lycée.
Dès 1975, le collège hôtelier est transformé en lycée (LEP), qui obtient son autonomie pédagogique et financière en septembre 1977. En mars 1978 est passée une convention de partition entre les deux établissements. Les effectifs augmentent et l'établissement accueille près de 2000 élèves dans les années 1990. Le manque de surfaces nécessaires pour un bon fonctionnement du LEP fait envisager la construction d'un nouvel établissement. Un moment évoqué, le projet d'agrandir et de diversifier l'offre pédagogique par une section hôtelière au lycée agricole de Grand-Pont à Chasseneuil est abandonné au profit de la construction d'un nouvel établissement. Ainsi, l'ouverture du lycée de Kyoto en 2008 entraîne la fermeture du LEP Aliénor-d'Aquitaine et le redéploiement des locaux pour le lycée d'enseignement général et technique.
Hormis des bâtiments préfabriqués installés sur des espaces vacants, aucune construction nouvelle ne vient compléter les locaux qui font l'objet de travaux de réfections. En 1998, l'ancien patio entre les trois bâtiments d'internat est couvert d'un toit à forte pente pour permettre l'installation d'un ascenseur et faciliter ainsi l'accès aux étages. Le préau est fermé en 2016, sa reconfiguration permet l'aménagement de deux salles de détente. Quant au complexe sportif de la Ville, il a été réhabilité en étant isolé par l'extérieur.
Au troisième étage de l'externat, les couloirs du pôle des sciences sont décorés de 20 portraits de savants français édités dans les années 1950 par la Documentation française. Ces savants ont vécu entre le 16e siècle et le 20e siècle. Une fresque murale, qui met 11 femmes savantes à l'honneur, est également présente. Elle a été réalisée en 2019 par les élèves de la section des Métiers d'Art du lycée Nelson-Mandela.
Détail de l'historique
Description
L'établissement se dresse sur un terrain de plus de 5 hectares pour une surface de bâtiments au sol d'environ 9 000 mètres carrés. Non loin de l'avenue John Kennedy, rocade nord de Poitiers, ce terrain est délimité par la rue Pierre de Coubertin à l'ouest et au nord, par la rue de Moulière à l'est et par une parcelle où est implantée une église au sud.
Les bâtiments d'externat, articulés entre eux, forment un S sur lequel se greffent au nord le bâtiment du réfectoire et de l'ancien lycée hôtelier, lui-même rattaché du côté sud-ouest au centre culturel. L'ensemble entoure sur trois côtés une cour ouverte sur la rue Pierre de Coubertin. La partie centrale du S est constituée d'un bâtiment à un étage carré dont le rez-de-chaussée accueille un vaste préau, désormais fermé ; elle relie deux structures en U à deux étages carrés. Les trois bâtiments d'internat à 1, 2 et 3 étages, reliés par un patio, se situent au nord-est, ainsi que les logements à deux étages carrés encore plus éloignés. Les installations sportives de la Ville ferment la composition au nord. Au sud-est trois bâtiments en préfabriqués à ossature bois, en rez-de-chaussée et de deux salles de classe chacun, sont présents ; un autre identique existe entre l'ancien lycée hôtelier et l'équipement sportif. Le pignon du préfabriqué le plus proche des bâtiments d'externat a été recouvert d'une fresque murale.
Les façades principales des bâtiments d'externat et d'internat sont formées de la Juxtaposition et de la superposition de panneaux préfabriqués de 2,70 mètres de large, présentant deux fenêtre de même hauteur mais de largeur différente, disposées alternativement en AB ou en BA, de manière à casser le rythme des façades. Deux de ces modules sont superposés au centre des grandes plaques de béton qui forment les façades latérales. Ces panneaux en béton architectonique préfabriqué allient des lignes droites de tous les piédroits, des linteaux des grandes fenêtres et des allèges des étroites, avec les formes adoucies par le délardement des allèges des grandes ouvertures et des linteaux des petites. Leur configuration est telle que les ombres portées les transforment au fil des heures et de l'ensoleillement pour constituer des motifs géométriques changeants. Le béton est peint dans une gamme d'ocres (jaune vif, orange et marron) pour tous les bâtiments d'externat, ils sont blancs pour les internats. Entre chaque panneaux, les joints sont creux. Le même type de panneaux se retrouve dans les bâtiments en rez-de-chaussée surélevé de l'ancien lycée hôtelier et des cuisine-réfectoire. Les bâtiments sont couverts de toit terrasse. Le réfectoire est précédé du côté est par un auvent en acier et matériau synthétique en arc de cercle.
Le patio qui distribue les étages des internats accueille une colonne d'ascenseur et des coursives en béton peint en rouge et bleu, tandis que les garde-corps en métal sont revêtus de matière synthétique jaune.
Le complexe sportif, en parpaing et béton armé, est couvert en bacs acier sur une charpente métallique.
Détail de la description
Murs |
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Toits |
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Étages |
2 étages carrés |
Couvertures |
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Escaliers |
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Autres organes de circulation |
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Typologie |
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Informations complémentaires
Type de dossier |
Dossier d'oeuvre architecture |
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Référence du dossier |
IA86016096 |
Dossier réalisé par |
Moisdon Pascale
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Cadre d'étude |
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Aire d'étude |
Nouvelle-Aquitaine |
Phase |
étudié |
Date d'enquête |
2024 |
Copyrights |
(c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel |
Citer ce contenu |
Lycée Aliénor-d'Aquitaine, Dossier réalisé par Moisdon Pascale, (c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel, https://www.patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr/Default/doc/Dossier/3ae4a2c6-0566-4492-9a09-1b475aa49011 |
Titre courant |
Lycée Aliénor-d'Aquitaine |
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Dénomination |
lycée |
Appellation |
Lycée Aliénor-d'Aquitaine |
Statut |
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Localisation
Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Vienne , Poitiers , 41 rue Pierre-de-Coubertin
Milieu d'implantation: en ville
Lieu-dit/quartier: les Couronneries
Cadastre: 2020 IH 1, 2